Ils ont dit…

Lobna Jeribi, ministre auprès du chef du gouvernement, chargée des Grands Projets :
«Il est temps d’améliorer la gouvernance de l’Etat et de remettre en question ses approches, notamment dans le traitement des dossiers sociaux, pour aller dans la bonne direction. Les solutions provisoires ne suffisent plus. Nous avons besoin tantôt de solutions immédiates, tantôt d’une nouvelle approche. Malgré le manque de ressources publiques, il y a plusieurs grands projets qui peuvent créer des emplois, encourager l’investissement et surmonter les contraintes procédurales et bureaucratiques, à savoir la coopération entre les secteurs privé et public, les projets de développement dans les régions et la numérisation de l’administration. De nombreux décrets adoptés par le Parlement devront être mis en œuvre : Le décret sur le statut de l’auto-entrepreneur qui permet de simplifier les procédures administratives et lever les contraintes fiscales (taxes, TVA, impôts), la loi relative à l’économie sociale et solidaire, la coopération entre l’Etat et la société civile. Le but est d’investir dans les compétences, alléger les démarches administratives et rétablir la confiance».

Walid Ben Salah, expert-comptable :
«Nos principaux clients et fournisseurs sont fortement impactés par la crise sanitaire, ce qui a un effet sur l’économie tunisienne qui est très liée à l’étranger. La croissance économique moyenne du pays s’est située à 1,5%, entre 2015 et 2019, soit un taux significativement inférieur aux prévisions initiales et aux moyennes mondiales et régionales. Il faudra 2 ans pour retrouver le niveau de croissance de 2019, qui était déjà assez bas. Le PIB par habitant a fortement augmenté entre 2010 et 2020 de 6.000 dinars à près de 11.000 dinars mais concrètement et en dollars, il est en chute libre. En ce qui concerne les répercussions du Covid-19 sur le budget de l’Etat 2020, nous avons constaté au premier trimestre une baisse des ressources de 4,1%, une hausse des dépenses de fonctionnement de 15,1%, une baisse des dépenses de développement de 50% et une hausse des services de la dette de 2%. D’après les prévisions, le déficit budgétaire au premier trimestre 2020 serait de 1,4 milliard supérieur aux prévisions faites et ceci sans tenir compte des déficits des caisses sociales et des établissements publics. La dette publique aurait augmenté de 10% en 5 ans, passant de 55,9 milliards de dinars en 2016 à 94 milliards de dinars en 2020, et ce, en dehors des dettes des entreprises et établissements publics, des garanties de l’Etat, des crédits d’impôts et des crédits fournisseurs publics et privés. En se référant au rapport du Pnud, l’impact du Covid-19 sur le budget de l’Etat est de 3,6 milliards de dinars supplémentaires sur le budget prévu, ce qui représenterait 4,2% du PIB. Ce chiffre ne tient pas compte des contributions supplémentaires au profit des entreprises et établissements publics, aux caisses sociales et autres. L’impact de la pandémie sur les finances publiques est très important et très coûteux et il faudra trouver les ressources pour collecter ces 3,6 milliards de dinars. On parle même d’une baisse des investissements publics de 40%».

Tony Verheijen, représentant résident de la Banque mondiale en Tunisie :

«Le soutien du secteur privé est capable de réaliser la reprise de l’économie tunisienne, mais les inquiétudes de la banque concernent les effets du coronavirus sur les soldes financiers de la Tunisie. Il est nécessaire de prévoir un soutien financier plus important que prévu de la part des partenaires financiers, selon une récente étude de la banque, notant que le gouvernement tunisien estimait ses besoins de financement extérieur à 8,8 milliards de dinars avant la crise pandémique. Mais la Banque mondiale s’attend à ce que la Tunisie ait besoin d’au moins 12,4 milliards de financement étranger, soit une augmentation de 50% par rapport aux estimations des autorités tunisiennes, suite à l’étude de la banque sur les effets de la pandémie sur le secteur économique en Tunisie. Mon institution travaille avec ses partenaires internationaux comme l’Allemagne, la France, le Japon et la Banque africaine de développement pour accroître la mobilisation financière de la Tunisie pour surmonter la crise».

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